Un Dieu ambigu



Grandeur et ruse du Ciel

L’hébreu présente souvent des mots ambigus, qui désignent une chose et son contraire. L’hébreu est une langue anti-dogmatique.
Par exemple néshek est une « arme » et néshika est un « baiser ».
Le midrash va prendre prétexte de l’ambiguïté du mot âlila pour tirer des conclusions étonnantes sur le rapport de Dieu à l’homme. Alila signifie en effet « grande oeuvre » et « ruse ».


Midrash Tanhouma (Ed. Varsovie) Paracha Vayéshev, chapitre 4

« Venez voir les oeuvres de Dieu ! Ses hauts faits (âlila) pour les humains sont redoutables »(Psaumes LXVI, 5). Et Joseph descendit en Egypte :
Rabbi Yéoshoua fils de Korha enseigne : même les actes redoutables que Tu amènes sur nous, Tu les amènes avec ruse. Viens voir lorsque le Saint, béni soit-Il, créa le monde, le deuxième jour, Il créa l’ange de la Mort. D’où savons-nous cela ? Rabbi Bérakhia répond : parce ce qu’il est dit « l’obscurité couvrait l’abîme » (Genèse I, 2). [L’obscurité] Il s’agit de la mort qui obscurcit le visage des créatures.Or l’homme ne fut créé que le sixième jour, et n’est qu’un prétexte contre lui de dire qu’il amena la mort dans le monde, comme il est dit : « Le jour où tu en mangeras (du fruit interdit) tu mourras » [en introduisant la mort].

Parabole, à quoi cela ressemble-t-il ? A un homme qui veut répudier son épouse. Avant d’aller chez lui, il ecrit l’acte de divorce (gueth) et cherche un prétexte pour lui donner. Il lui dit : « donne un verre que je doive », elle lui apporte et lui en profite pour donner le gueth. Elle dit : « Quelle est la faute ? » Il lui répond :
« Sors de ma maison car tu m’as donné une eau tiède ». Elle lui répond : « Depuis le début tu savais que je donnerai une eau tiède puisque tu as écris le gueth pour me le donner. » Ici aussi Adam déclara au Saint, béni soit-Il : « Maître du monde deux mille ans avant de créer le monde, la Torah était auprès de toi comme un maître d’oeuvre, comme il est dit (Proverbes VIII, 5) : « J'étais à ses côtés comme un maître d’oeuvre, je faisais jour après jour ses délices», il y a deux mille ans donc (avant la création), il était écrit (Nombres XIX, 14) : « un homme qui meurt dans la tente ». Est-ce que si la mort n’avait été prévue pour les créatures,Tu aurais écris cela ?

 Mais tu as cherché un prétexte (âlila) pour faire dépendre la mort de moi. Tel est le sens du verset : « Ces prétextes pour les humains sont redoutables. »

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